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DES HORLOGES ET DES HOMMES - un historique par Christian BERNARDET

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2.3. LA "VRAIE COMTOISE" : LE MODELE CARACTERISTIQUE DU 19ème SIECLE

2.3.1. La caisse d'horloge 19ème siècle.

Au début du 19ème siècle quelqu'un eut l'idée de faire passer le balancier devant les poids, de remplacer la toupie en plomb par un disque en laiton (de petit diamètre, 9 à 11 cm au début, les caisses étant alors étroites). Pour voir ce disque, appelé "lentille", la grande porte fut percée d'un "oculus", trou rond vitré de même diamètre. Nombre de cabinets d'horloge du 18es, à grande porte pleine, furent ainsi modifiés. Pour pouvoir agrandir le diamètre de la lentille, on se mit à fabriquer des horloges plus larges, soit droites (mais elles devenaient lourdes d'aspect) soit désormais, en Franche-Comté, avec un galbe au niveau du balancier. La caisse d'horloge prend alors l'aspect arrondi si typique. C'est là la caractéristique essentielle de l'Horloge Comtoise aux yeux du grand public. Pour simplifier la fabrication, les emboîtements avec tenons, mortaises et chevilles furent abandonnés au profit de simples planches clouées. Cette méthode d'assemblage visait la rapidité de fabrication et, jointe au faible prix du bois employé (l'épicéa de montagne) ainsi qu'au travail en équipe, permit d'abaisser fortement le prix de vente. Ce faisant, il s'en vendait de plus en plus, essentiellement aux classes sociales les moins aisées.

  Les méthodes de vente changèrent également : plutôt que l'horloger et l'ébéniste attendent la commande d'un particulier pour entamer la fabrication, les horloges furent fabriquées d'abord, puis transportées (par charrettes à chevaux puis par chemin de fer) et exposées dans les foires traditionnelles. On ne pouvait plus que choisir parmi les modèles existants et non s'offrir un modèle unique. Ce fut, peut-être, un des premiers produits manufacturés vendus "prêt à emporter". Ajoutons que pour masquer la pauvreté du sapin, les caisses d'horloge furent enduites d'une sorte de peinture faux-bois, à la colle et à l'eau. Avant que cet enduit ne sèche, on dessinait rapidement des fausses veines de bois noble (ronce de noyer, palissandre, etc…) avec du brou de noix, et des arabesques, rinceaux de feuilles et fleurs, avec un outil rigide qui prélevait la peinture faux-bois (laissant apparaître par un trait clair le fond en bois blanc). Les feuilles et fleurs étaient rehaussées de couleurs polychromes assez vives. Le tout était protégé par un vernis de gomme laque et d'alcool. Avec le temps, la fumée du feu de bois et les vapeurs grasses de la cuisine, le vernis a viré au brun foncé et il arrive qu'on ne remarque même plus les décors sur ces horloges presque noires, et tristes. Mais que l'on enlève le vernis noirci, avec d'infinies précautions car les peintures sont irrémédiablement abîmées par l'eau, et l'horloge retrouve sa fraîcheur et la magnificence de ses décors d'origine.

 

 
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